Laslandes, drôle de buteur

Deux buts pour son camp, un contre, l'attaquant azuréen a réussi un triplé pas banal.

LILIAN LASLANDES a marqué trois buts hier soir au stade de Ray. Pour un avant-centre qui totalisait avant ce match cent trois réalisations en L1 dans sa carrière, il n'y a rien de vraiment étonnant. Mais le compteur de l'ex-girondin n'a grimpé qu'au cent cinquième échelon, puisqu'il a également inscrit un but contre son camp au cours de cette rencontre d'un bien faible niveau mais au fond assez rigolote.
Ce n'est en effet pas tous les jours qu'on voit une équipe inscrire deux buts contre son camp au cours d'une même partie et sur coups de pied arrêtés. On peut même se demander comment Nice a fait pour se mettre dans un tel guêpier.

Pourtant, en ouvrant le score dés la douzième minute sur un penalty, le Gym avait l'essentiel pour prendre trois bons petits points à la maison sans trop forcer. Lilian Laslandes avait flairé le bon coup et s'était joyeusement engagé dans la surface. En attaquant d'expérience, il savait que Destruhaut allait sortir un bon vieux tacle des familles. L'ex-international transformait tranquillement le penalty.

La suite allait être bien moins souriante pour Laslandes, pourtant très en jambe mais qui ne vit plus rien venir de la part de ses coéquipiers du milieu, incapables de remonter le ballon correctement.

Alors quand Laslandes, en fin de première période, s'envolait nettement plus haut que Destruhaut pour dévier un ballon vers un soutien fantôme, on sentit un brin de frustration dans sa réaction.

Le but qui tue
En termes de frustration, il allait même connaître une sorte de sommet en détournant malencontreusement dans les filets de Gregorini un coup-franc frappé fort devant le but azuréen (58e). Une première dans sa la longue carrière qu'il goûte assez peu : « On n'a pas vu le Nice qu'on attendait. On s'est battu mais on n'a su revenir. On a marqué deux buts contre notre camp et le mien nous tue un peu,k j'en suis désolé. C'est la première fois que je marque contre mon camp. C'est une sensation bizarre. Si je n'avais pas marqué ensuite, je m'en serai voulu encore plus. Je suis surpris par le ballon. J'ai voulu le dégager et je l'ai pris de l'extérieur du pied. C'est comme ça. »

A cet instant précis, le Gym, mené au score, s'était fait hara-kiri et ne montrait aucun signe d'amélioration dans son jeu. Heureusement, sur un corner de Pitau, Laslandes retrouvait son jeu de tête de niveau international pour dominer Danjou et placer le ballon sous la transversale (68e). Un bien joli but qui ne lui suffit cependant pas : « Marquer deux buts, c'est bon pour la confiance mais je suis un compétiteur et j'aurai préféré ne pas marquer et qu'on prenne les trois points. »

Malgré une volée difficile du droit - trop écrasée - et une activité énorme, Laslandes ne trouva pas d'autres ressources pour que Nice remporte un succès globalement peu mérité. Mais il a fait la conquête de son entraîneur Gernot Rohr : « Il a été notre meilleur joueur ce soir. Il fait son travail même s'il aurait pu se passer de marquer contre son camp (sourire). Mais on lui pardonne. Ce soir Nice a marqué les quatre buts de toute façon. Lilian évolue dans un style complètement différent de Kaba Diawara. Il est plus collectif, plus travailleur, peut-être moins élégant mais certainement plus efficace. Il vient déjà d'inscrire trois buts en quatre matches. »

Laslandes va bien à Nice. C'est déjà ça. Aux autres de se mettre à son niveau pour éviter d'autres désillusions.

Pierre MENES
© L'Equipe